RDC: confronté aux difficultés financières, le gouvernement est loin de rencontrer les revendications des enseignants de l'EPST en grève

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PAR Deskeco - 20 oct 2020 08:45, Dans Finances

Les enseignants membres du SYNECAT et du SYECO battent les pavés depuis le lundi pour exiger du gouvernement : Le respect du protocole d’accord de Bibwa signé le 18 décembre 2019, La paie de vrais enseignants « nouvelles unités », Le paiement du 2e et 3e palier des « enseignants payés ». Toutes ces revendications ayant un dénominateur commun, les moyens financiers, le gouvernement n’est pas en mesure de les satisfaire aussi bien pour ce dernier trimestre 2020 que pour l’année prochaine, où le budget national annoncé reste très limité, à 6,8 milliards USD.

En réalité c’est tout simplement une rentrée scolaire 2020-2021 sans enseignement jusque-là dans les établissements publics de l’EPST. Dans plusieurs écoles publiques de Kinshasa, les élèves du primaire et du secondaire n’ont pas étudié depuis la rentrée scolaire, effectuée le 12 octobre. Toute la semaine passée, les enseignants n’ont pas donné cours dans plusieurs écoles, alors que le mot d’ordre c’est « écoles mortes, pour lundi et mardi » de chaque semaine.

« Nous sommes là parce qu’à l’assemblée générale, du 1er Octobre, les enseignants ont fait un constat sur l’accord de Bibwa, qui a été signé par les ministères de budget, de la fonction publique, de l’EPST et non par celui des finances. Il y a des recommandations qui ont été faites au premier ministre, mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y aucune réaction de son côté. C’est pourquoi les enseignants se sont dit de venir voir le ministre de l’EPST, puisque, avec la suppression de la motivation, les enseignants membres du SYNECAT et de SYECO ne veulent plus de grève, mais néanmoins, ils ont pris l’option de prendre deux jours « écoles mortes », lundi et mardi, pour faire la pression sur le premier ministre. Le reste des jours les enseignants peuvent prester normalement », a dit à ACTUALITE.CD, Cécile Tshiyombo, secrétaire générale du SYECO.

Cette pression promise sur le gouvernement risque de ne pas porter des fruits d’autant qu’en ce quatrième trimestre 2020, les ressources financières de l’Etat sont très limitées. En effet, le gouvernement rencontre des difficultés pour mobiliser davantage des ressources financières pour appliquer sa politique.

L’exécution du Budget 2020 de l’Etat affiche des recettes de l’ordre de 5 780 545,02 millions FC (3,131 milliards USD si on considère le taux budgétaire inscrit dans le Collectif budgétaire déposé à l’Assemblée nationale de 1846FC le dollar américain), soit un taux de réalisation de 33,6%, contre des dépenses évaluées à 6 122 650,13 millions FC (3,316 milliards USD), soit un taux d’exécution de 35,5%, dégageant un solde négatif de 342 105,11 millions FC (169,071 millions USD), selon les données fournies par la Banque centrale du Congo dans son Condensé d’informations statistiques.

Avec un tel tableau des ressources financières de l’Etat à cette période de l’année, il est illusoire de penser que le gouvernement va augmenter ses charges maintenant alors qu’il se bat pour ne pas terminer l’année 2020 avec un déficit budgétaire pour espérer conclure un accord formel avec le FMI (Fonds monétaire international) devant lui permettre d'accéder à plus d’appui financier des institutions de Bretton Woods à travers un Programme économique triennal.

Dès lors, il est à craindre que cette grève dans l’EPST puisse durer si le SYECO et le SYNECAT ne fléchissent pas étant donné que le Premier ministre a très peu de marge pour rencontrer leurs revendications à savoir : la paie de vrais enseignants « nouvelles unités », le paiement du 2e et 3e palier des « enseignants payés ».

Tout aussi, il faut noter que l’appui de la Banque mondiale pour la gratuité de l’enseignement de base, soit 800 millions USD, est à étaler sur 4 ans. Le premier décaissement promis de 260 millions USD intervient en décembre 2020 et en juin 2021. La Banque mondiale compte décaissement jusqu’à 700 millions USD seulement au bout de trois années.

Autant dire, que le gouvernement, s’il doit mener à bon port son projet de la gratuité de l’enseignement de base, doit s’investir davantage dans la mobilisation des ressources financières en appliquant les réformes nécessaires pour leur accroissement. Or, pour l’année 2021, le budget national annoncé est seulement de 6,8 milliards USD. Ce qui est loin de permettre au gouvernement d’améliorer les conditions de vie des Congolais et amorcer l’envol économique et social tant attendu.

Amédée Mwarabu

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