RDC : plus de recours à la planche à billet pour financer les déficits budgétaires (Conseil des ministres)

BCC
PAR Deskeco - 05 mai 2020 14:00, Dans Finances

Le gouvernement a pris l’engagement, en conseil des ministres tenu le lundi 4 mai sous la direction du Président de la république, Félix Tshisekedi, de ne plus recourir à la planche à billet, dite proprement les avances monétaires de la Banque centrale du Congo, pour financer ses déficits budgétaires.

« Les déficits ne seront plus couverts par des avances de la Banque Centrale, et que les dépenses s’effectueront sur base caisse ». telle a été la conclusion des interventions du ministre des Finances, Sele yalaghuli, et du Budget, Mayo Mambeke, lors de leurs intervention au Conseil des ministres parlant de la nécessité de revenir sur une gestion saine des Finances publiques.

En effet, le Vice-premier Ministre, Ministre du Budget ainsi que le Ministre des Finances ont tour à tour exposé, en Conseil des ministres, sur le Plan d’engagement budgétaire et le plan de trésorerie pour le 2ème trimestre 2020.  

« Ils (Ndlr: le ministre des Finances et celui du Budget) ont expliqué au Conseil la raison d’être de ces instruments en cette période de baisse des recettes, à savoir la gestion prudentielle des finances publiques, le maintien des équilibres macroéconomiques, l’évitement des déficits et la maitrise de l’inflation, en particulier au moment où l’essentiel des moyens budgétaires sont affectés à la lutte contre le CORONAVIRUS. La maîtrise de ces instruments permettrait également d’être en harmonie avec les critères de performance recommandés par le Fond Monétaire International », rapporte le compte rendu fait par le porte-parole du gouvernement.

Le recours aux avances monétaires de la BCC est la cause principale de la dépréciation du Francs Congolais observée ces dernier mois sur le marché de change. Le Frans Congolais a perdu 3,04% et 6,76% de sa valeur respectivement à l’interbancaire et au parallèle sur les quatre derniers mois de l’année, contre seulement 2,3% sur toute l’année 2019.

L’appui budgétaire de 363,27 millions du FMI est assorti des conditionnalités dont l’alignement des dépenses publiques aux recettes disponibles. Ce qui proscrit tout déficit budgétaire principalement financer par les avances monétaires.

Lors de la traditionnelle conférence de presse à l’issue de la 4ème réunion ordinaire du Comité de politique monétaire, le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo, a prévenu le gouvernement que si le Trésor public termine l’année 2020 avec un déficit, la RDC sera éjectée du Programme avec le FMI.

« Il faut faire en sorte qu’il n’y ait plus de déficit. C’est l’engagement premier que nous avons pris devant le FMI. Le fait de nous donner cet appui budgétaire rapide, nous a remis en force dans le programme de référence avec le FMI. Nous étions déjà en train de patauger. La situation était déjà devenue difficile. On ne parvenait plus à respecter les critères, surtout le crédit net à l’Etat. Donc, si nous avons la chance de cheminer avec l’équilibre de finances publiques, à fin décembre 2020, nous pouvons déjà envisager des négociations au premier trimestre 2021 pour le programme formel du FMI qui est beaucoup plus structurel et qui va être appuyé par la facilité élargie de crédit. Elle beaucoup plus importante. Les pays qui sont en programme formel ont reçu beaucoup plus d’argent que nous. Le Nigéria va recevoir 3,4 milliards USD. Nous, c’est seulement 363 millions USD. La Côte d’Ivoire a reçu une première tranche de plus de 700 millions USD, je crois. Faisons cet effort, bien sûre ce n’est pas avec l’argent des étrangers qu’on va développer notre pays. C’est plus avec nos ressources intérieures. Ça a toujours été le crédo du FMI. Mais aujourd’hui, nous sommes en crise, nous n’allons pas mener maintenant les réformes pour améliorer la mobilisation des recettes. Mais, dès que la situation se normalise, le Programme du FMI c’est pour mobiliser davantage et avoir des ressources propres et celles des partenaires pour financer notre Plan de développement stratégique pour décoller définitivement. Donc, si nous terminons l’année avec le déficit, nous serons éjectés du Programme avec le FMI. Et ça va ternir davantage l’image de marque du pays. Nous avons intérêt à aller dans ce sens », a déclaré Déogratias Mutombo.

Au 30 avril 2020, le solde du trésor  affichait un déficit de 200,4 milliards CDF  (119,002 millions USD) alors que le Trésor tablait sur un excédent de 1,4 milliard CDF (83,135 millions USD) à la fin du mois sous analyse. En cumul annuel, l’Etat est déficitaire de 620,3 milliards de CDF (Ndlr : 368 millions USD au taux budgétaire moyen annuel de 1684 FC le dollar) contre un excédent programmé de 34,7 milliards CDF (20,605 millions USD) aux quatre premiers mois de l’année 2020, selon la Banque centrale. A titre de comparaison, le Trésor public a enregistré un déficit de 564 milliards CDF sur toute l'année 2019.

Amédée Mwarabu

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