Séraphin Bukasa FIPA, entrepreneur et vice-président du Conseil d’administration du Centre de Règlement Amiable des Différends (CRAD), et Dadou Moano, représentant pays RDC/Congo Brazzaville du Débat Africain de l’Intelligence Économique, ont partagé leurs réflexions sur la nécessité d’une justice sociale pour relancer les sociétés de portefeuille en RDC.
Dans leur analyse partagée avec Deskeco ce jeudi 28 novembre, les deux experts se sont accordé à dire qu’« il n’existera pas une piste de relance plausible pour ces sociétés de portefeuille sans une justice sociale ».
Pour eux, cela implique une remise en droit des retraités, une réduction des effectifs, ainsi que la suppression des postes non productifs, notamment ceux de « Grands Directeurs Hiérarchiques sans affectation ».
Ils soulignent la situation critique de nombreux employés, qui ont accumulé des mois de prestations non rémunérées, et de retraités laissés sans soldes ni indemnités de sortie.
« Certains hauts cadres, bien qu’inactifs, refusent de quitter leurs postes par crainte de perdre leurs droits à des indemnités », ajoutent-ils. Ils pointent également du doigt la tendance des sociétés à se reposer sur le pouvoir public pour éviter de répondre à leurs obligations.
Séraphin Bukasa et Dadou Moano affirment que la paix sociale est impossible sans une gestion adéquate des obligations sociales envers les employés. Ils mentionnent des sociétés comme Gécamines, SNCC, et SNEL, qui souffrent de dettes fiscales et sociales importantes.
Par exemple les données de 2022 présentent la Gécamines avec des dettes représentant 12% de la valeur de son actif, tandis que les charges de personnel atteignent 32% de son chiffre d'affaires, rendant l’entreprise peu attractive pour de nouveaux investisseurs.
Pour remédier à cette situation, ils proposent que les employés ayant des arriérés de salaire et des indemnités non payées soient récompensés par des actions ou parts sociales, avec une proposition de partage de 50/50. Cette approche permettrait de désintéresser les créanciers sociaux tout en créant un marché pour la revente des actions, favorisant ainsi un environnement financier compétitif.
Cette procédure permettrait également de réduire les tensions sociales perceptibles dans toutes ces entreprises du portefeuille. « Les regrets des employés en mal de rémunérations peuvent se résoudre par ce schéma simple, basé essentiellement sur la volonté du gouvernement congolais », concluent-ils.
Par-dessus tout, Séraphin Bukasa et Dadou Moano soutiennent qu’une des meilleures solutions pour relever les entreprises du portefeuille reste ce qu’ils appellent la « fleuronisation » du portefeuille feuille de l’Etat. Selon eux, elle désigne la transformation d’entreprises d’État en entreprises économiques rentables et concurrentielles à l’international. Soit faire de ces entreprises des « fleurons » nationaux, des champions de l’industrie qui peuvent briller au-delà de leurs frontières ».
Bruno Nsaka