À la suite de la visite du 19 octobre au 2 novembre 2022 à Kinshasa, l’équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Mercedes Vera Martin, cheffe de mission pour la République démocratique du Congo, a finalisé depuis Washington DC les discussions sur les politiques économiques et le programme de réformes des autorités. À l'issue de ces discussions, Mme Vera Martin a émis la déclaration suivante :
« À la suite de discussions fructueuses, les autorités congolaises et l'équipe du FMI sont parvenues à un accord au niveau des services sur les politiques économiques en vue de l'achèvement de la troisième revue dans le cadre de l'accord au titre de la FEC. Cet accord doit être soumis à l'approbation de la direction du FMI et à l'examen du Conseil d'administration, prévu en décembre 2022. L'approbation par le Conseil d’administration rendra disponibles 152,3 millions de DTS (environ 200 millions de dollars) pour le soutien à la balance des paiements.
« Le PIB réel fait preuve de résilience, avec une croissance anticipée à 6,6 % en 2022, soutenue par une production minière plus élevée que prévu. L'inflation devrait dépasser 12 % d'ici fin 2022, en raison de la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et des carburants, exacerbée par la guerre en Ukraine et les goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement. Le compte courant a affiché un excédent au premier semestre grâce à la vigueur des exportations, et, à fin octobre, les réserves internationales brutes ont atteint environ 2 mois d'importations, bien au-dessus de l'objectif fixé au début de l'accord au titre de la FEC. Le solde budgétaire intérieur (base caisse) est projeté à 1,1 % du PIB, ce qui est conforme aux engagements du programme. Des recettes budgétaires plus élevées grâce à des évolutions favorables dans le secteur minier, ont aidé à faire face aux pressions sur les dépenses résultant de l'escalade du conflit à l'Est, à l'augmentation des dépenses dans les ministères et les institutions publiques et au remboursement des arriérés aux distributeurs de carburant.
« Les perspectives restent positives. Les services du FMI prévoient une croissance de 6,3 % en 2023 dans un contexte de resserrement des politiques économiques sur le plan interne et de ralentissement mondial qui devraient peser sur la croissance. Les perspectives à moyen terme restent favorables, soutenues par l'expansion de la production minière et la dynamique des réformes envisagées. Dans un contexte de fragilité, l'économie reste très vulnérable aux chocs ; la volatilité des cours internationaux des produits de base, le resserrement des conditions de financement extérieur, la hausse de l'inflation, le ralentissement mondial de la croissance et le conflit à l'Est ont créé un contexte difficile pour l'élaboration des politiques économiques. Les autorités doivent rester vigilantes et poursuivre leurs efforts de réforme pour surmonter les obstacles structurels à la croissance.
« Les engagements budgétaires pris dans le cadre de l'accord au titre de la FEC visent un déficit budgétaire intérieur de 0,7 % du PIB en 2023. Des efforts soutenus de mobilisation des recettes et la maîtrise des dépenses courantes, des subventions aux carburants et de la masse salariale laisseront de l’espace pour des dépenses sociales supplémentaires et l'apurement des arriérés intérieurs. Les recettes imprévues contribueront à constituer des marges budgétaires pour répondre aux chocs. Les réformes de la gestion des finances publiques restent essentielles pour améliorer la qualité, l'exécution et le contrôle des dépenses, y compris en améliorant le processus et la crédibilité du budget, et en renforçant la transparence et la responsabilité budgétaires ; en mettant en place le compte unique du trésor ; en renforçant le système de passation des marchés publics ; et en en renforçant la chaîne de la dépense. Les réformes de la gestion des investissement publics contribueront à améliorer la capacité d'absorption et l'efficacité de ces investissements.
« Une politique monétaire proactive contribuera à ancrer l'inflation, tandis que la poursuite de l'accumulation de réserves est nécessaire compte tenu des chocs externes récurrents. Les réformes visant à renforcer le cadre de la politique monétaire et la gouvernance de la banque centrale amélioreront la gestion de la liquidité et l'efficacité de la politique monétaire. Après l'approbation du projet de loi sur les banques commerciales, un ambitieux programme de réformes financières visant à renforcer les cadres de réglementation, de supervision et de résolution bancaire contribuera à renforcer la résilience du secteur bancaire.
« Les réformes structurelles et de gouvernance restent essentielles pour la diversification économique et la croissance tirée par le secteur privé. L'amélioration des cadres de lutte contre la corruption et de LBC/FT, la simplification du système fiscal, les efforts continus de transparence dans le secteur minier (y compris en publiant tous les nouveaux contrats miniers et ceux renégociés) et la mise en œuvre des procédures visant à publier les informations sur les bénéficiaires effectifs des contrats publics amélioreront le climat des affaires et mobiliseront des investissements.
« Dans le contexte de la FEC, le gouvernement congolais a également fait la requête d’un financement au titre de la nouvelle Facilité pour la résilience et la durabilité visant à fournir un financement à long terme pour aider à renforcer la résilience, y compris contre le changement climatique. Les discussions dans le cadre de cette facilité débuteront dans les mois à venir.
« Nous tenons à remercier les autorités et les équipes techniques pour des discussions franches et constructives et nous nous réjouissons de poursuivre notre engagement en faveur de la RDC et de sa population. »