RDC : Déogratias Mutombo donne l'éclairage sur les états financiers audités de l’exercice 2019 de la Banque centrale

Déogratias Mutombo
PAR Deskeco - 08 oct 2020 17:09, Dans Finances

Les états financiers des comptes annuels de l’exercice 2019 de la Banque centrale traduisent une performance financière avec un taux de progression du total actif de plus de 36%.  Les sous comptes appartiennent au gouvernement et lui seul peut les fermer. Quant à la dette envers le Burundi et le Rwanda, c’est une dette de l’Etat qui date des années Mobutu.

Le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo, a tenu à éclairer la lanterne de l’opinion par rapport aux fausses interprétations distillées à la suite de la publication la semaine passée des états financiers audités de l’exercice 2019 de la BCC.

Au cours de la traditionnelle conférence de presse qui suit la réunion du Comité de politique monétaire, tenue ce jeudi 8 octobre, le gouverneur de la BCC a répondu à apporter un éclairage par rapport aux états financiers de son institution qui ne sont pas, comme on l’a laissé entendre, une première. Mais c’est plutôt un exercice fait tous les ans depuis la reprise de la coopération avec les institutions de Bretton Woods vers les années 2002 exactement.

« Nous avons été surpris de voir ces réactions et surtout dans les réseaux sociaux où tout le monde s’est invité pour critiquer le rapport des comptes annuels de la Banque centrale pour l’année 2019. Alors que nous faisons cet exercice depuis une dizaine d’années. C’est une tradition à la Banque centrale. Ce n’est que la manifestation de notre devoir de transparence. Depuis une dizaine d’années, nos comptes annuels sont audités par des cabinets de renommée internationale. C’est depuis que nous sommes en programme économique avec le FMI dans les années 2000. Ça peut être Price, aujourd’hui c’est Deloitte. Nous ne pouvons pas faire plus de deux ans avec le même cabinet, il faut changer. C’est étonnant de voir ces réactions. On a toujours publié sur notre site web le rapport des comptes annuels de la Banque centrale. Mais, aujourd’hui comme on est dans un monde qualifié de virtuel, les gens, par négationnisme caché, prennent et interprètent à leur façon. Je ne nie pas que c’est un droit d’interpréter mais si vous n’êtes pas expert-comptable, mais demander conseil aux initiés de vous aider à commenter les détails qui se trouvent dans les états financiers d’une Banque centrale », a déclaré Déogratias Mutombo d’entrée de jeu quand on lui a posé la question sur les réactions à la suite de la publication la semaine passée des états financiers des comptes annuels 2019 de la BCC.

Pour le patron de l’Institut d’émission, contrairement aux critiques mal placées, ces états financiers audités de la Banque centrale ont toujours été publiés sur son site internet et présentés aux partenaires financiers dont le FMI.

« Nous sommes une Banque centrale. La contrepartie de l’indépendance nous pousse à la transparence. Et pour 2019, c’est un rapport de 95 pages, écrit de manière détaillée l’évolution des comptes annuels 2019 de la banque centrale. Et ça se traduit à travers l’opinion de l’auditeur lui-même, à travers les états financiers et de plusieurs informations que vous pouvez trouver notamment pour ce qui est des sous comptes ou de la fameuse dette vis-à-vis des banques du Rwanda et de Burundi. Ce sont des choses qui datent de longtemps mais on est surpris avec cette attitude des gens de critiquer de manière subjective le rapport annuel d’une banque centrale audité par un cabinet de renommée internationale. Ces rapports sont toujours présentés au Fonds monétaire international, à nos partenaires financiers. Mais, on n’a jamais vu ça sur les réseaux sociaux. C’est seulement cette année. Ça nous a surpris », a-t-il dit.

Analysant ces états financiers de 2019, le gouverneur de la BCC note qu’ils traduisent la performance financière enregistrée par son institution en terme notamment de taux de progression du total actif.

« Lorsque vous prenez l’opinion même de l’auditeur, elle est favorable sans réserve. L’auditeur indique que les états financiers reflètent l’image fidèle de la situation financière de la banque centrale close le 31 décembre 2019, y compris sa performance financière et ses flux de trésorerie. Et c’est un travail qui est fait conformément aux règles et principes comptables admis en RDC, aux dispositions légales applicables aux banques centrales. Lorsque vous analysez même le bilan, vous allez comprendre que cette analyse fait apparaitre pour l’actif un taux de progression de 36,9% en 2019 par rapport à 2018. L’actif de bilan passe de 6 096 milliards FC venant de 4 450 milliards FC en 2018 et 4 096 milliards FC en 2017. C’est une performance financière qui est vérifiable dans les états financiers de la Banque centrale. C’est vrai qu’au niveau de la banque centrale, on ne poursuit pas en priorité le bénéfice. Mais depuis que nous avons instauré notre gestion, les exercices se clôturent par des bénéfices d’exploitation importants. Même si ce bénéfice a été en baisse en 2019. Je crois qu’il a été de plus ou moins 11 milliards FC en 2019 contre plus de 35 milliards FC en 2018. Et c’est ce qui améliore la situation financière de la Banque centrale. Vous savez que même sur le plan de trésorerie, on n’enregistrait jamais de déficit. C’est seulement cette année. Et vous connaissez la raison ? C’est parce que l’Etat en 2020 n’a pas payé les intérêts sur la créance titrisée. Vous savez que l’Etat doit à la Banque centrale plus de 2 000 milliards FC mais ne paie même pas les intérêts sur ces créances », a renchérit le gouverneur de la BCC.

Parlant des sous comptes, Déogratias Mutombo indique que ce sont des sous comptes du gouvernement et créés à la demande du ministère des Finances. Mieux, il soutient même que la Banque centrale a toujours demandé au ministère des Finances de fermer les comptes qui ne sont plus mouvementés pour éviter de frais y relatifs.

« La situation des sous comptes. Nous, nous ne sommes qu’un banquier. Il y a de gens qui peuvent avoir deux ou trois comptes dans une banque. Mais, nous banque centrale, on n’a pas beaucoup de clients. Notre client c’est l’Etat et les banques. Mais, ces sous comptes sont ouverts par le ministère des Finances qui en est le gestionnaire. Quand le ministère des Finances nous demande d’ouvrir des sous comptes, à nous de refuser ? Il faut qu’on nous le dise. C’est vrai qu’il y a de fois des raisons qui justifient l’ouverture des sous comptes notamment pour rétablir la traçabilité des utilisations des fonds alloués aux projets pour lesquels ces fonds ont été versés. La Banque centrale a toujours exhorté le ministère des Finances de clôturer les comptes qui n’enregistrent plus de mouvement. On a des preuves écrites. On estime que la non utilisation des fonds par une institution comme l’Etat dont les besoins en financement sont énormes face à ses moyens peut induire un coût d’opportunité qu’il faut éviter. Il nous arriver de rappeler, d’écrire. C’est vrai qu’il faut réduire le nombre des sous comptes et qu’on utilise plus le compte général du Trésor. Mais, les critiques viennent sur la banque centrale qui n’est que dépositaire. Dans la convention qui nous lie à l’Etat, nous ne pouvons pas mouvementer un compte du trésor sans son instruction écrite. Nous ne pouvons pas clôturer un compte. Mais nous demandons. Nous sommes un conseiller financier », a dit le patron de la BCC.  

Sur la dette vis-à-vis du Rwanda et du Burundi, le gouverneur de la BCC précise que c’est une dette étatique et non celle de la banque centrale.

« La fameuse dette vis-à-vis du Burundi et du Rwanda, c’est une dette qui est née des soldes négatifs des opérations issues d’un mécanisme de compensation très lointaine de l’époque zaïre, dans le cadre de la CEPGL. Un mécanisme de compensation, cela en rapport avec un arrangement monétaire qui avait été signé par les banques centrales de la Communauté économique des pays des grands lacs, la CEPGL. A l’époque, il y avait ce solde négatif qu’on a trouvé, je crois vers les années 1980. On avait aussi une chambre de compensation avec l’Angola qui nous doit aujourd’hui plus de 10 millions USD. Il n’a jamais payé non plus. Donc, ce n’est pas une dette de la Banque centrale à proprement parlé. Ce mécanisme de compensation entre les trois pays consistait à accroitre les échanges commerciaux entre nos trois pays. C’était un système où les résidents payaient des marchandises des autres pays en monnaie nationale. C’est ce que ça signifie. Mais, ils se sont arrêtés avec un solde négatif d’un pays vis-à-vis d’un autre. Et la RDC est restée avec une dette vis-à-vis du Rwanda de 908 000 DTS et 2,950 millions DTS vis-à-vis du Burundi. Au fait, c’était des décisions étatiques. A un moment donné, il était même question de verser ces dettes dans le panier de la dette publique. Et les démarches étaient avançaient avec ces pays. Ce ne sont pas des dettes des banques. Nous, pour raison de transparence et de responsabilité, nous continuons à les garder. Effacer c’est une fuite en avant. On garde parce que peut être on pourra trouver un mécanisme de règlement.  Vous savez par exemple, nous avons une dette propre envers le FMI par ce qu’une institution comme le FMI ne prête pas aux Etats. Quand le FMI prête de l’argent c’est au niveau des banques centrales. Et quand nous remboursons la dette du FMI, c’est à partir de notre bilan de notre compte d’exploitation. On ne débite pas le compte du Trésor. C’est comme ça que ça se passe. Mais les autres dettes ce sont des décisions des chefs d’Etat de l’époque. Ce n’est pas la Banque centrale qui avez emprunté à l’époque pour financer ses activités. Non », a martelé Déogratias Mutombo.

C’est le cabinet d’audit Deloitte Services SARL qui a certifié les états financiers de l’exercice 2019 de la Banque centrale du Congo. L’analyse sommaire des comptes annuels de l’exercice 2019 montre que le total bilantaire s’est établi à CDF 6 094 158 millions contre CDF 4 451 962 millions à fin décembre 2018, soit une progression de CDF 1 642 196 millions. Et donc, au terme de l’exercice 2019, le résultat d’exploitation de la Banque centrale s’est clôturé avec un résultat positif de CDF 11 841 millions (7,189 millions USD au taux de change moyen de 1647 FC le dollar américain) contre CDF 52 624 millions en 2018, selon le Bilan de la BCC.

A (RE) lire: La Banque centrale publie ses états financiers audités de 2019 avec un résultat positif de 7,1 millions USD

Amédée Mwarabu

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