RDC : le tourisme, l’autre atout de la province portuaire Kongo Central

PAR Deskeco - 27 déc 2018 16:30, Dans Actualités

Les potentialités touristiques de la province portuaire Kongo Central méritent d’être valorisées par la réhabilitation des voies d’accès aux sites. Le plus encourageant c’est que des opérateurs économiques privés de la province érigent de plus en plus des structures d’accueil autour des sites touristiques.

 

Toute l’économie de la province du Kongo Central tourne autour du port de Matadi et celui de Boma. Pourtant, les potentialités touristiques de cette province peuvent favoriser la diversification des sources de revenus.  Un état des lieux des potentialités touristiques du Kongo Central avait été fait en avril 2015 par le ministre du Tourisme d’alors, Elvis Mutiri wa Bashara. A l’occasion, le ministre avait fait la ronde de tous les sites touristique de cette province. Cette visite s’inscrivait dans le cadre d’une mission officielle consistant, d’une part, à inspecter les sites et circuits touristiques existants afin d’en établir un état des lieux, et, d’autre part, à  identifier des nouveaux sites en vue de leur valorisation.

Tout aussi, l’autorité de tutelle devrait-il mettre à profit sa visite de travail pour palper les difficultés auxquelles sont confrontées les touristes en villégiature dans cette partie de la RDC. Leurs doléances se résument aux mauvais états des voies d’accès aux sites touristiques mais aussi en l’absence des infrastructures d’accueil dans la périphérie des certains lieux touristiques.

A cet effet, le ministre avait encouragé les opérateurs économiques de la province qui ont investi dans l’hôtellerie et la restauration. Le constat est que les opérateurs économiques de la province voire des originaires du Kongo Central investissent davantage dans la construction des structures d’accueil dans la périphérie des sites touristiques emblématiques. Ces investissements sont un apport important dans la promotion du tourisme dans l’ex Bas-Congo.

Avantages comparatifs dans le tourisme

Le Kongo Central a un avantage comparatif par rapport à d’autres provinces de la RDC. Il bénéficie des infrastructures routières. Toutes les villes de la province sont accessibles par routes. Ce qui est un atout majeur pour attirer davantage les touristes tant nationaux qu’étrangers. Bien plus, le Kongo Central, comme toute la partie ouest de la RDC, bénéficie d’une paix totale. Aussi, la province portuaire est voisine à Kinshasa (12 millions d’habitants) qui se trouve être la porte principale d’entrée des visiteurs étrangers dans le pays.

Quant à l’administration de la section provinciale du tourisme, elle est, comme partout ailleurs dans le pays, confrontée aux difficultés suivantes : déficit de formation des agents, manque de financement et de mobilité tant pour le personnel que pour les touristes.

Quant aux opérateurs privés, hôteliers et restaurateurs, partenaires privilégiés du ministère, leurs revendications demeurent le non-paiement de la dette intérieure, les tracasseries administratives avec multiplicités des taxes,  les arrestations non légales des clients dans les établissements, la concurrence déloyale par la présence des ASBL confessionnelles d’hébergement.

La vision du ministère du Tourisme entend faire de Kinshasa, du Kongo Central et du Nord Kivu, des provinces pilotes de la politique de relance du tourisme en RDC. Ce programme se décline dans le renforcement des capacités des fonctionnaires de l’administration et dans la réhabilitation des  voies d’accès à certains sites.

A la découverte des merveilles du Kongo Central

Au départ de Kinshasa pour le Kongo Central, la première escale touristique est « Mbwela Lodge » à Inkisi, à 104 km de la capitale. Une auberge dotée d’une possibilité d’accueil de 24  chambres, un restaurant, une salle polyvalente, des espaces pour le sport. Le site est une initiative privée de l’Ambassadeur Antoine GHONDA. Cette structure d’accueil est à quelques encablures du jardin Botanique de Kisantu, terre de plantes.

Étendu sur une superficie de  225 ha au bord de la rivière Inkisi, le jardin Botanique de Kisantu regorge une collection d’espèces variées de bois, fibres, fruits, graines et autres épices dans son musée et une multitude  d’arbres exceptionnels, dont l’arbre qui marche grâce à ses racines adventives. Centenaire, cet arbre peut couvrir 1 ha en un siècle s’il n’est pas taillé. C’est une espèce qu’il faut protéger.

Autre pièce rare  dans ce jardin c’est le   Dinosaure, symbole même du jardin, espèce fortement menacée. Le jardin abrite l’unique école pilote d’horticulture  de la RDC confrontée au manque d’équipements pour son laboratoire. Un des problèmes que connait le site c’est justement le mauvais état de ses voies d’accès.

Après Kisantu, il y a les chutes de ZONGO. Ce site est confronté à l’épineux problème  d’accès à ce patrimoine public national. Les activités hôtelières et touristiques développées  tout autour lui offre une valeur ajoutée qu’il faut promouvoir par la réhabilitation des voix d’accès.

Les chutes de Zongo, la grotte  « PAPA SIMON KIMBANGU », la plage Sunguza, les chutes de massage, sont autant des ressources touristiques susceptibles de générer d’importantes rentrées en devises étrangères  pour la province. Le site de Zongo dispose même d’un aérodrome qui n’est pas exploité. Pourtant, une infrastructure capitale pour réduire le temps de voyage des visiteurs en provenance de Kinshasa ou de Matadi, chef-lieu de la province.

A Matadi, on est forcément fasciné par le Belvédère. Ce site offre une vue panoramique exceptionnel de toute la vallée de Mpozo et renferme  l’histoire du chemin de fer Matadi – Kinshasa. Une fois restaurée ce site peut constituer un lieu d’attraction dans le cadre du tourisme scolaire et être renforcé par un musée  et une boutique des souvenirs.

D’autres sites tels que le pic Kinzau (ex Cambier), le monument aux porteurs et la route de caravane  ayant une valeur historique nécessitent également une réhabilitation. A la sortie de Matadi pour la ville de Boma, il y a le pont Maréchal Mobutu. Un chef-d’œuvre construit dans le cadre de la coopération zaïro-japonaise dans les années 1980.

Boma, c’est dans cette ville qu’est érigée la 1ère cathédrale catholique de  l’Afrique centrale. On y trouve aussi le cimetière des pionniers, le site du 1er camp militaire de la force publique, le premier bureau du gouverneur général, la résidence du 1er  gouverneur général, les deux premières voitures qui ont roulé au Congo , le bateau explosé dont l’épave est  encore perceptible dans le fleuve Congo. Un hôtel 4 étoiles y est érigé par un opérateur privé aux alentours, pour la valorisation du site.

Boma touristique,  c’est aussi le célèbre baobab de STANLEY. Ce site devrait être enrichi d’une   boutique de souvenirs avec des articles représentant ce baobab en miniature, selon le projet du ministère du Tourisme.

A Moanda, la pointe de Banana, jonction entre le fleuve Congo et l’océan Atlantique, reste une merveille pour les visiteurs. La ville côtière congolaise héberge le seul Parc marin des Mangroves à palétuviers que compte la RDC. Dans cette aire protégée, outre la faune aquatique (lamantin) et la flore (palétuviers), plusieurs attractions s’offrent aux visiteurs notamment les singes, les tortues marines, les perroquets, et surtout la pêche aux huîtres réalisée par les femmes qui font des plongées extraordinaires.

De la Pointe de BANANA à la plage de TONDE  en passant par le parc marin de mangroves à palétuviers, riche est le circuit touristique qu’offre la ville de MUANDA .Cette plage offre une belle attraction à la sortie de la rivière Tonde qui se jette sur l’Océan .Un endroit embelli  par l’hôtel La BEVIOUR au bord de l’Océan ATLANTIQUE. Cet établissement offre une soixantaine de chambres, un restaurant de haute qualité, une salle polyvalente et plusieurs autres services et attractions. Un investissement privé qui a remonté la note de Muanda et promu cette destination. La compagnie Congo-Airways lie désormais la ville de Kinshasa à Moanda.

La route de l’esclave en reconstitution

La RDC a vécu 400 ans d’esclavage. Le Kongo Central en garde le plus des vestiges dont l’indélébile route de  l’esclave, où sont encore visibles les chaînes sur lesquelles étaient attachés les esclaves avant leur embarquement vers les autres continents. Même la marmite dans laquelle était préparée leur nourriture est encore conservée. La plage de MAKOKO  servait de port d’embarquement des esclaves. Une ONG de la place est en train de reconstituer la forêt VULA où étaient gardés les esclaves en attente des navires qui les embarquaient vers des lointains continents.

Depuis 2015, le ministère du Tourisme s’était engagé à apporter tout son appui dans les travaux d’identification et de reconstitution du circuit de la route de l’esclave en RDC.   Ce projet s’intègre à celui lancé, depuis 1995, par l’Unesco et l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) sous la dénomination « Route de l’esclave transatlantique ». L’objectif de ce programme est de contribuer à une meilleure compréhension de causes et modalités de l’esclavage ainsi que des enjeux et des conséquences de la traite négrière dans le monde.

Amédée Mwarabu

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