RDC : des leviers économiques en sommeil

PAR Deskeco - 19 nov 2018 13:06, Dans Actualités

Le potentiel de développement de la RDC est encore sous exploité. Les indicateurs macro-économiques auront beau être au vert et la croissance au rendez-vous, il demeure encore plusieurs leviers économiques en léthargie. Les entreprises du portefeuille de l’État, le potentiel fiscal national et la valorisation du massif forestier congolais sont autant des leviers économiques insuffisamment exploités jusque-là.

Le développement économique de la RDC, que tout le monde appelle de ses vœux, ne se fera pas sans un fonctionnement efficient des entreprises du portefeuille de l’État.  En dépit de la réforme de ces entreprises publiques et du désengagement de l'État de leur gestion, ces unités de production sont aujourd’hui loin de produire les résultats attendus, amoindrissant les chances du décollage du pays.

Défaut de la colonne vertébrale de l’économie

La SNEL, la REGIDESO, la SNCC, la RVA, la SCPT ex-ONATRA, la GECAMINES, la MIBA ou encore la SCTP ex-OCPT sont la colonne vertébrale de l’économie congolaise. Ces entreprises, aujourd’hui transformées soit en établissements publics soit en sociétés commerciales, sont indispensables à la structuration de l’activité économique en RDC. Elles sont indispensables pour accroître les recettes publiques et renflouer le Trésor public.

Cependant, la sous exploitation de ces unités de production et la léthargie dans laquelle elles demeurent doivent interpeller la classe dirigeante. Tant, les défis de développement de la RDC imposent que ces unités de production fonctionnent normalement pour stimuler les activités économiques des petites et moyennes entreprises afin de booster davantage la croissance et imprimer des pas de géant à la RDC.

Le plan de réforme des entreprises publiques de la RDC a été mis en œuvre depuis 2008. Ce plan de désengagement progressif de l'État a amené le changement de statuts de près d'une cinquantaine d'entreprises publiques congolaises, dont vingt( 20) ont été transformées en sociétés commerciales, cinq (5) autres en établissements publics, cinq(5) en services publics et quatre(4) ont été dissoutes ou liquidées. L'objectif majeur est d'insuffler une nouvelle dynamique et la compétitivité aux entreprises du portefeuille de l'État, qui s'avèrent dans leur état actuel, un poids plutôt qu'un moteur de l'économie nationale.

Aujourd’hui, les performances techniques et opérationnelles dans ces entreprises ne sont toujours pas au rendez-vous, malgré les interventions ponctuelles du gouvernement notamment à la SNCC avec la commandes des quelques locomotives et à la SCTP avec la mise à l’eau de Itebe Kokolo et d’autres bateaux.

Optimiser le potentiel fiscal

L’émergence étant à l’horizon 2030, soit dans à peine douze ans seulement, toutes les batteries devraient être mises en route pour engager durablement l’économie congolaise sur la trajectoire de la croissance soutenue et permanente. Avec la tenue des élections dans en décembre 2018, l’on peut espérer que l’Exécutif national qui sera aux commandes en 2019 pour disponibiliser des investissements nécessaires pour remettre à flot toutes ces entreprises.

Tout le monde sait qu’une meilleure mobilisation des recettes fiscales apporterait au pays une importante masse financière. Les experts évaluent à 20 milliards USD  le potentiel des recettes fiscales en RDC alors que les différents budgets du pays de ces dix dernières années n’ont jamais atteint le 6 milliards USD, après reddition des comptes.

Dans un échange avec les médias et la société civile la semaine dernière, le représentant résident du FMI, Philippe Egoume, a eu à déplorer la faiblesse de la mobilisation des recettes publiques en RDC. Selon les chiffres du FMI, la RDC a réalisé, en pourcentage du PIB, 13.2 (2014); 12.6 (2015) ; 9.7 (2016); 8.2(2017) et 7.0 (fin septembre 2018) de recettes courantes (hors don) alors que dans les pays de l’Afrique sub-saharienne elles ont varié entre 19 % et 16 % en moyenne pendant la même période.

«En 2017, les recettes en pourcentage par rapport au PIB de la RDC ne représentent même pas la moitié de la moyenne de l’Afrique sub-saharienne. Comment va-t-on financer les opérations de l’Etat ? Comment va-t-on financer le fonctionnement de l’Etat si on ne peut pas mobiliser des recettes? Avec 8.2% des recettes courantes du PIB réalisées en 2017, on ne peut que faire du fonctionnement malheureusement. C’est extrêmement petit par rapport à ce qui est requis pour prendre en charge les dépenses de l’Etat », a soutenu le représentant du FMI parlant de la faiblesse de mobilisation des recettes publiques réalisées par la RDC en 2017.

Capitaliser le Fonds vert climat

Une autre niche des recettes pour la classe dirigeante, c’est le Fonds vert climat des nations Unies à travers la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).Pour répondre à la forte demande de financements, les pays développés se sont mis d’accord pour mobiliser ensemble 100 milliards USD par an entre 2015 et 2020. Cette manne financière a pour objectif de réaliser le transfert de fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables afin de mettre en place des projets pour combattre les effets des changements climatiques.

Avec ses 145 millions d’hectares de forêts, la RDC peut mobiliser une bonne part de cette manne financière. Pour cela, il faudra non seulement optimiser le processus de réductions des émissions dues à la déforestation et à la dégradation (REDD+) en RDC, se préparer à remplir les critères d’éligibilité à ce financement mais surtout mobiliser les entreprises congolaises à s’y intéresser.

Amédée MK

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