Nord-Kivu : la société minière de Bisunzu craint pour la vie de ses dirigeants et en appelle à l’intervention du gouverneur

PAR Deskeco - 21 juin 2019 10:16, Dans Actualités

La Société minière de Bisunzu (SMB) craint pour la vie de ses dirigeants. Dans une lettre adressée le 20 juin au gouverneur du Nord-Kivu, l’entreprise a rapporté que Loïc Bonduelle (DGA), Nzonga Freddy (directeur de traçabilité) et leurs avocats Sanane Joseph et Amoyen Damien sont pris pour cibles par des personnes qui seraient membres effectifs ou assimilés à la Cooperamma (Coopérative des exploitants miniers artisanaux de Masisi).

« En votre qualité de garant de la bonne exécution du protocole actualisé du 12 juin 2018 entre la SMB et la Cooperamma, nous vous prions de rappeler au bon sens les parties prenantes et le cas échéant enjoindre les services spécialisés à la protection des personnes et de leurs biens de garantir et protéger les membres du personnel de la SMB et les avocats défendant ses intérêts », écrit la société.

Les violences dans cette zone sont récurrentes depuis l’année dernière où la SMB et les creuseurs locaux sont en conflit ouvert. Deux creuseurs artisanaux avaient été tués par la police au début de ce mois dans la mine de coltan à Luhoho, une bourgade de Rubaya (Masisi). Le 11 mai, la Police Nationale Congolaise (PNC) avait rapporté l’attaque d’un de ses postes, situé à la carrière minière de Gakombe (Masisi), par des hommes armés identifiés comme des bandits. Un assaillant avait été tué pendant l’opération et une arme récupérée.

Contexte

La SMB est propriétaire du périmètre d’exploitation 4731 qui s’étend sur 36 carrés miniers à Rubaya, dans le territoire de Masisi riche en gisements de tantale. Une partie du site est exploitée conjointement avec une coopérative de creuseurs artisanaux.

Le contrat du 28 novembre 2013 qui liait la SMB et la Cooperamma pour l’exploitation du coltan et de la cassitérite sur le PE 4731 a été résilié par l’entreprise minière le 8 mai 2018 après des violences dans le site et des accusations récurrentes de violation des textes par les deux parties.

Selon la SMB, la reprise des activités artisanales dans la mine requiert la réorganisation de la coopérative des exploitants artisanaux miniers de Masisi qui selon elle, regorge “des personnes incompatibles avec la loi dont des officiers militaires, des policiers et des politiques”.

Début mai, les creuseurs artisanaux membres de la Cooperamma avaient manifesté à Rubaya. Ils revendiquaient entre 4 et 5 mois d'arriérés de paiement de leurs minerais déjà stockés par la SMB. Voulant s'adresser aux responsables de la SMB qui recevait leurs productions, les creuseurs se sont heurtés à un dispositif important de la garde industrielle. Les gardiens vêtus en tenue policière ont usé des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires. Le site minier de Rubaya compte à lui seul plus de 3 500 creuseurs hormis leurs dépendants (femmes et enfants notamment).

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