RDC/Dossier Afriland Bank : le CNPAV appelle à une réforme bancaire et à la protection des lanceurs d’alerte

CNPAV. Ph. Droits tiers.
PAR Deskeco - 26 fév 2021 14:37, Dans Actualités

La campagne « Le Congo N’est Pas à Vendre » (CNPAV) a récemment pris connaissance des différents témoignages émis par deux lanceurs d’alerte, précédemment des ex-agents de « AFRILAND BANK ». Ces derniers ont décidé de mettre en lumière les pratiques illégales au sein de cette institution, qui se faisaient en totale violation des règles édictées en la matière à 
l’échelle locale et internationale.

Selon les enquêtes de différents médias qui ont eu accès aux documents d’Afriland, cette banque
aurait notamment permis le retrait de millions de dollars de comptes publics et par des personnages politiques, accordé des prêts de dizaines de millions d’euros à une société liée à Dan Gertler et abrité des réseaux liés au gouvernement nord-coréen ou encore à des financiers du Hezbollah. Selon ces mêmes enquêtes, la direction de la banque était non seulement au 
courant de ces schémas mais aurait aidé à les mettre en place et aurait menacé de mort l’un 
des lanceurs d’alerte.

Il sied de rappeler que l’enquête menée conjointement par Global Witness et PPLAAF, publiée dans le rapport « Des sanctions, Mines de rien » en juillet dernier, a révélé que le milliardaire israélien Dan Gertler aurait eu recours au service de la Banque Afriland pour contourner les sanctions américaines dont il fait l’objet. Il aurait à cette fin utilisé un réseau de sociétés écrans 
et des services au sein de cette même banque.

Nous notons également que le rapport de l’ONG américaine The Sentry, « Affaires Risquées », publié en août 2020, montrait comment cette même institution continuait à violer les sanctions onusiennes, européennes et américaines en ouvrant des comptes à des sujets nord-coréens.

Les récentes révélations des lanceurs d’alertes mettent en exergue comment cette institution  
viole consciemment les lois anti-blanchiment ainsi que de nombreuses autres normes bancaires, mettant ainsi en péril l’ensemble du système financier congolais.

La banque n’a pas nié ces révélations, mais a lancé une contre-attaque honteuse contre les 
ONG et les lanceurs d’alerte, allant jusqu’à brandir hier pendant une conférence de presse un prétendu jugement de mort contre les lanceurs d’alerte. Il faut noter qu’alors que Afriland parle 
de documents forgés, les individus et sociétés mentionnés dans les révélations ont eux-mêmes confirmé une vaste majorité des transactions.

« Nous voulons des banques propres qui aident et stimulent l’économie congolaise plutôt que 
de la mettre en danger, », ajoute Jean Claude Mputu, porte-parole de CNPAV. “Pour garantir que le Congo ne soit pas complètement coupé du marché international, nos autorités financières doivent tout faire pour éviter que des pratiques comme celles d’Afriland n’aient lieu.” 

Les multiples appels de la campagne Le Congo N’est pas A Vendre à l’ouverture d’enquêtes 
sur les faits reprochés à Dan Gertler et la filiale camerounaise de Afriland demeurent sans résultats à ce jour.

Les faits reprochés à Afriland bank rappellent ceux de l’affaire BGFI ainsi que le procès des 100 
jours, où des banques commerciales avaient été clairement remises en cause. Il est donc grand temps que les autorités congolaises prennent les mesures qui s’imposent pour sauvegarder lerespect des normes du système financier congolais.

Au regard des récentes révélations des lanceurs d’alertes, le CNPAV recommandent ce qui 
suit :

- L’ouverture d’une enquête indépendante pour sanctionner les banques qui agissent en 
violation des règles internationales exposant de ce fait l’ensemble du système financier 
congolais.

- Réformer le système bancaire congolais afin de prévenir ce genre de pratiques ;

- Habiliter la cellule de renseignements financiers afin de mener des enquêtes indépendantes et rigoureuses portant sur des opérations financières douteuses ;

- Protéger les différents lanceurs d’alertes qui dénoncent les malversations ou les différentes violations des lois, comme promis par le Président Tshisekedi lui-même a son dernier discours à la nation.

Communiqué du CNPAV

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