RDC : Resource Matters et GEC interpellent Félix Tshisekedi sur l’opacité qui entoure le projet Inga 3

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PAR Deskeco - 29 oct 2019 09:07, Dans Développement durable

Dans un rapport publié ce lundi 28 octobre, Ressources Matters, une ASBL installée en Belgique, et (GEC), le Groupe d’étude sur le Congo, une ONG américaine, interpellent directement le président de la République, Félix Tshisekedi, quant à l’opacité qui entoure présentement le projet Inga 3.

« Inga III est un projet tellement ambitieux que le Congo a tout intérêt à unir ses forces s’il veut en tirer un réel bénéfice. La décision de la présidence de la République de s’approprier le contrôle quasi-exclusif du projet va à contre-sens de cette logique et a eu un impact considérable sur l’avancement du projet. Le processus en souffre dans plusieurs aspects opérationnels clefs : conditions de sélection du développeur peu claires, absence d’études d’impacts sociaux et environnementaux complémentaires faute de moyens financiers et à la suite du retrait des principaux bailleurs de fonds, mise en place d’une tutelle institutionnelle sui generis qui échappe au contrôle parlementaire, rejet par le Parlement et la société civile du projet ou encore faible position de la RDC lors des négociations avec les potentiels présélectionnés », explique ce rapport.

Ces organisations sont convaincues que « les négociations se sont passées en l’absence d’une vraie équipe technique à même de faire le poids face à celle, robuste, constituée de conseillers appuyés par les investisseurs ». Pire, soutiennent ces associations, l’ADPI (Agence de développement du projet Inga), institution qui pilote le développement du site d’Inga, « sollicite à présent le financement des mêmes investisseurs pour ses frais de fonctionnement, mettant en péril son indépendance ».

« Le nouveau président Félix Tshisekedi devrait rouvrir la gestion d’Inga III à la participation de la société civile et aux institutions régulières du pays. Il devrait recourir à des experts qualifiés et attendre les résultats des différentes études d’impact, y compris des contre-expertises directement commanditées par le gouvernement, pour juger si le projet est approprié pour le pays et sa population », suggèrent les rédacteurs de ce rapport.

Pour Ressources Matters et GEC, « l’approbation finale du consortium devrait dépendre des résultats des études environnementales et sociales ». De même, elles estiment qu’une expertise appropriée permettrait de mieux contrôler les propositions financières des développeurs, d’autant plus que « la fusion entre les consortiums a érodé toute possibilité de faire jouer la compétition entre les offres pour obtenir la proposition la plus bénéfique au Congo ».

Le projet Inga 3 devrait produire 11 000 MW une fois réalisé. Après des années d’attente, ce plus grand site hydroélectrique d’Afrique, avec un coût d’environ 14 milliards de dollars, pourrait, selon les prévisions optimistes, devenir opérationnel en 2028. La grande partie de cette production est destinée à l’exportation notamment vers l’Afrique du Sud. Seulement 3 000 MW sont prévus pour la RDC, à répartir entre les industries minières et la consommation des ménages. La RDC a recruté deux sociétés internationales pour la réalisation d’Inga 3 : la partie espagnole constituée de ACS et AEE Power et la partie chinoise avec Groupe Trois Gorges (filiale CWE) et Sinohydro.

Resource Matters est une association sans but lucratif (ASBL) basée à Bruxelles qui vise à mieux comprendre et surmonter la pauvreté économique dans les pays riches en ressources naturelles. Nous disposons d’une expertise particulière dans le domaine des investissements miniers et hydroélectriques en République Démocratique du Congo.

Le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) est un projet de recherche indépendant à but non lucratif qui s’efforce de comprendre et d’expliquer la violence qui affecte des millions de Congolais. Nous menons des recherches rigoureuses sur différents aspects du conflit qui sévit en République démocratique du Congo. Toutes nos recherches s’appuient sur une profonde connaissance historique et sociale du problème en question. Nos bureaux se trouvent au Centre de coopération internationale de l’Université de New York.

Amédée MK

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