La RDC est une jarre percée mais réparable avec une meilleure colle sociale et économique (Tribune de Jo Sekimonyo)

jo sekimonyo
PAR Deskeco - 25 juil 2020 10:24, Dans Analyses

Le président Felix Tshisekedi depuis son investiture a frappé à la hâte sur les mauvais clous et à maintes reprises sur un ou deux. L'ancien président Joseph Kabila quant à lui semble avoir oublié pourquoi il a quitté le pouvoir. Les nouvelles vagues des exposés politiques qui ne font guère partie de la vérité n’exercent aucune pression pour alléger les malaises culturels, sociaux et économiques superposés. Un grand nombre des compatriotes se demandent s’ils reconnaissent plus leurs pays ou ils ne veulent pas accepter la douloureuse vérité qu’être congolais en RDC c'est de moins en moins tous les jours une expérience tolérable. Les marges des erreurs qui peuvent engendrer un chaos social et économique sont probablement beaucoup plus petites que toute l’élite ou dois-je plutôt dire les évolués ne le croient. 

En tant que nation, nous ne nous attaquons toujours pas au vrai problème. Y a-t-il du bon sens de donner aux entreprises sans scrupules ou sans cahier des charges le droit d’abattre des arbres de nos forêts d’une façon et à un rythme inconcevable, exposant les habitants de la région à plus d'un million de maladies x, inconnues ? Au lieu d'imiter la panique des nations modernes autour de Covid-19, nous aurions dû le prendre comme un test de résilience de nos systèmes et de notre état d'esprit. On connait aujourd’hui un pénible échec sanitaire, social, économique et politique en même temps pendant que l’état s’érige sans gêne en un briseur ou étouffeur de l'entrepreneuriat congolais. La Direction générale des migrations (DGM) ne disposant pas d'un système d'enregistrement numérique, c’est un véritable casse-tête de savoir comment et combien de temps cela prend pour décrocher une autorisation de quitter le pays ou se déplacer d'une ville à une autre plutôt que d'obtenir un visa d'un pays étranger.  

Les spéculations cérébrales rivalisant pour le contrôle de l'état de semi-conscience congolais peine d’améliorer la qualité des dialogues. Les Congolais évitant de remettre en question les feuilles de route sociales et économiques dessinées par les anciennes mentalités dans le nouveau et l'ancien corps, rendent difficile de mettre la nation sur une nouvelle voie. Mais étant donné que nous faisons face à des défis purement social et économique, il n’y a aucun autre choix que de revenir aux faits et à la réalité de nos accommodements sociaux et du fonctionnement de l’économie si nous voulons sincèrement résoudre nos problèmes. Mais alors il y a d’abord à dégonfler les expressions désuètes et des théorie truquées qui génèrent plus de confusion et de contre-vérités qu’elle n’éclaire le débat. 

Tous les camps politiques ont décidé, sous les applaudissements des institutions religieuses et l’encouragement des éditeurs de programmes audiovisuels, de devenir pyromanes sur tous ce qui manquent de pertinence pour tenter de briser l'humiliation socio-économique quotidienne répugnante des Congolais. Nous n’avons pas encore entendu de cliques politiques ou religieuses appelant à la suppression du vote indirect et par liste et au tour unique de l’élection présidentielle. Dans la mythologie grecque, les Danaïdes sont les cinquante filles du roi Danaos. Après avoir épousé leurs cousins, elles les tuent le soir des noces et sont après condamnées aux enfers où elles devront remplir éternellement des jarres percées.   

C'est comme si nous n'avions pas encore saisi la différence entre la représentation et l'inclusion démocratique. On n’a encore pas mis en conflit la crédibilité contre la pertinence des élections démocratiques. Personne ne doit se repentir de sa bonne volonté pour désenclaver l’état d’esprit des Congolais. Ce défi n’est ni un vice ni un péché. La RDC est une jarre percée mais réparable. Nous devons simplement nous doter d’une meilleure colle sociale et économique pour mieux joindre nos moyens individuels de participer aux schémas commerciaux mondiaux modernes avant d'y déverser nos espoirs et nos aspirations.  

Est-ce intelligent de continuer de centrer l’attention nationale et internationale autour de la question sur les 80 millions de terre arables en RDC au lieu de se focaliser sur les quelque 80 millions de cerveaux congolais négligés et âmes abusées ? Jusque-là, il est douloureusement difficile d'encourager l'investissement en RDC pendant que la coalition délirante entre le FCC et le CACH et tout comme LAMUKA ignorent les vraies peines sociales et les défis économiques congolais. Plaider auprès de la partie utile des expatriés congolais de faire leurs valises et de rentrer au pays pourrait aujourd'hui constituer un crime social si pas un blasphème. Quand allons-nous réaliser que nous ne pouvons pas compter sur la chance à chaque fois et surtout ces jours-ci pour ne pas détruire les liens culturelles, sociales et économiques congolais postcolonial ? L’union fait la force ? Juste se lamenter sur le soi-disant danger de la balkanisation qui nous guetterai ou désirer se transformer en une nation émergente ne suffit pas. 

Jo M. Sekimonyo 

www.sekimonyo.com 

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