Quand les économistes Congolais falsifient le keynésianisme et les argentiers font du monétarisme un blasphème (Tribune de Jo Sekimonyo)

PAR Deskeco - 10 juin 2020 07:35, Dans Analyses

Le temps peut changer le sens contextuel tout en préservant l’intention intacte. Pendant si longtemps, le monde a été nourri de nombreux mensonges pour garantir des constructions sociales. Un grand nombre de dénigrassions ostentatoires ont été acceptées comme une vérité. Leur longévité est née de la complaisance dialectique des paysans modernes et de l’orgueil des soi-disant grands intellectuels. Ceux qui hier nous balançaient la macroéconomie pour nous éblouir, refont surface jonglant des termes tels que le leadership, le bonne gouvernance, l’industrialisation, et l’état de droit.

Dans toutes les démocraties occidentales, l'impact de la pandémie de coronavirus a contraint les gouvernements de diverses allégeances idéologiques d’économie politique à déclencher des incitations fiscales sur leurs sociétés frappées. Cela montre combien les prescriptions de John Maynard Keynes pour les crises économiques persistent avec nous. Il était un penseur social préoccupé par les grands problèmes de son temps. Mais ses valeurs sociales étaient essentiellement radicales. C'était un homosexuel qui était très à l'aise de vivre contre les normes sociales de son temps.

Défiant Keynes et la plupart des établissements universitaires de l'époque, Milton Friedman a déclaré qu'à long terme, une croissance monétaire accrue fait augmenter les prix mais n'a que peu ou pas d'effet sur la production. À court terme, a-t-il fait valoir, une augmentation de la croissance de la masse monétaire entraîne une augmentation de l'emploi et de la production, et une diminution de la croissance de la masse monétaire a l'effet inverse.

Friedman et Keynes avaient des visions sociales différentes. Ils ne se contentaient pas de discuter à travers des astuces politiques qui permettraient le mieux de produire le même résultat social et économique souhaité. Ils se disputaient sur le genre de monde dans lequel ils voulaient vivre. Pour Keynes, le champagne et gaieté pour tous ; tandis que pour Friedman, la joie de vivre c’est un luxe seulement pour les riches. Au tiers-monde, la mathématisation de l'économie au 20ème  siècle obscurcit vraiment ce profond conflit idéologique.

On pourrait facilement se demander qu'est-ce que Keynes et Friedman ont à voir avec la RDC ? Keynes a recommandé que le gouvernement engage des dépenses déficitaires pour compenser la baisse des investissements et stimuler les dépenses de consommation pour stabiliser la demande. Pour le dire autrement, il a proposé que le gouvernement dépense plus d'argent, ce qui inciterait que les gens dépensent plus dans l'économie. Cela entraînerait à son tour une augmentation de l'activité économique, dont le résultat naturel serait une réduction du chômage. Friedman est d'accord avec l'idée, mais à court terme.

Ce n'est pas que Keynes ou Friedman qui se trompent, mais il n'y a pas de relation entre l'inflation et le chômage ou même un impact sur l’entreprenariat lorsque des millions de dollars de la réserve stratégique nationale de devises sont donnés aux étrangers qui les expédient rapidement en dehors du pays. Le procès sur les travaux du programme de 100 jours d'urgence du chef de l'Etat démontre une fois encore combien les soi-disant économistes congolais falsifient le keynésianisme et les argentiers font du monétarisme un blasphème. Vue l’état archaïque et confus de notre économie, avec le gros lot dans l’informel, ni le keynésianisme ou le monétarisme est en réalité pertinent a de moins vouloir stabiliser la pauvreté comme toujours. 

Les Congolais se mettent de plus en plus en colère contre la diaspora et les économistes. Pour commencer, qui blâmer si vous emmenez votre femme bien-aimée chez un dentiste pour accoucher ? Et cela juste parce qu'il y a un insigne de « docteur », « professeur », ou « PhD. » quelque part autour d’un nom. Deuxièmement, les membres de la diaspora retournent dans leur pays d'origine pour ne profiter que d'opportunités faciles ou de la naïveté de leurs compatriotes tout en répondant aux questions faciles.

D'autre part, les expatriés, oui nous existons, honteux de la situation socioéconomique de notre nation, ne voyons d'autre moyen que de créer des opportunités ou de stimuler la créativité de nos compatriotes tout en véhiculant des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés et applicables à toute l'humanité. Nous ne sommes pas tous pareils. Apprenons à discerner les compétences et juger par les lignes idéologiques adoptées au lieu d’être toujours ébloui par une caricature qu’une personne nous présente de lui-même ou par le ton de ses chuchotements.

Jo M. Sekimonyo

www.sekimonyo.com

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