Passeports biométriques : Félix Tshisekedi n’a pu rien faire alors que le contrat avec SEMLEX arrive à échéance

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PAR Deskeco - 28 avr 2020 13:46, Dans Corruption

Le contrat passé en juin 2015, sous l'ancien régime de Joseph Kabila, entre la RDC et SMLEX sur les passeports biométriques doit être du vrai bêton. Le pouvoir de Félix Tshisekedi, investi le 24 janvier 2019, n’a pu changer même d’un iota ce deal décrié par tous et qui fait la part belle aux individus au détriment de l’Etat Congolais.

« Le prix du passeport sera revu nettement à la baisse ». C’est une promesse faite par le président de la République, Félix Tshisekedi, début février 2019, à Brazzaville devant les Congolais habitant l’autre côté de la rive du fleuve Congo. Cette promesse restera non tenue parce le contrat RDC-SEMLEX sur la fourniture des passeports biométriques, conclu le 11 juin 2015 et lancé en novembre de la même année, arrive à échéance ce 11 juin 2020.

Autant dire que le nouveau chef de l’Etat n’a pas pu faire quelque chose ni pour le renégocier quelques termes du contrat afin de remettre l’Etat Congolais dans ses droits encore moins pour obtenir la réduction du prix des passeports, sous son mandat, vendus officiellement toujours à 185 USD, soit un des plus chers du monde imposé à une des populations les plus pauvres de la planète. Mais, en pratique, il faut débourser jusqu’ à 300 dollars pour l’avoir dans les meilleurs délais. A titre indicatif, un passeport biométrique belge coûte 65 euros. Celui des Français (adultes) est à 86 euros.

A (RE) lire: Félix Tshisekedi appelé à ne pas renouveler le contrat des passeports biométriques avec SEMLEX

Par rapport aux dossiers de détournements des deniers publics et de corruption sous l'ancien régime, Félix Tshisekedi avait dit qu'il ne compte pas "fouiner dans le passé".

Qu’à cela ne tienne, ce contrat des passeports biométriques a été exécuté sans aucune difficulté mais dans l’opacité totale, sous l’ancien régime Kabila et après son départ, et au grand bonheur de ses initiateurs. N’eut été les révélations faites par l’agence britannique Reuters en avril 2017, les Congolais n’en sauraient pas grand-chose de ce deal.  Les révélations de ce média international a eu le mérite de mettre au grand jour les dessous de table de ce contrat somme toute léonin à bien d’égards.

Retour sur un contrat léonin

Ce que l’on sait de ce contrat prévu pour 5 ans est qu’il a été passé de gré à gré sans appel d’offre. Ses acteurs officiels, coté Congolais, sont notamment Raymond Tshibanda, et Henri Yav Mulang, respectivement ministre des affaires étrangères et ministre des Finances, ont signé ce contrat avec M. Karaziwan, patron de SEMLEX. Cette entreprise belge a pu investir 222 millions USD dans ce projet.

Selon Reuters, le contrat stipule que 65 dollars sur les 185 dollars que coûte un passeport seront reversés à l’Etat congolais, soit seulement 35%. Les 120 dollars restants seront reversés à un consortium – dont font partie Semlex Europe, basé à Bruxelles, Semlex Monde, installé aux Emirats Arabes Unis (EAU), l’imprimerie Semlex installée en Lituanie et LRPRS, une entité registrée à Ras al-Khaïmah aux Emirats Arabes Unis.

« Ces 120 dollars ont été de nouveau répartis, selon les termes de deux autres contrats également datés du 11 juin. D’après l’un de ces contrats, une entreprise basée à Kinshasa – Mantenga Contacto Trading Limited – s’est vu attribuer 12 dollars pour chaque passeport délivré, en échange de la mise à disposition du personnel nécessaire pour la mise en œuvre du projet. …Les trois entreprises Semlex qui ont signé ces accords ont, elles, reçu 48 dollars pour chaque passeport délivré. Les 60 dollars restants sont allés dans les caisses du consortium », rapporte le monde.fr qui avait publié l’enquête en partenariat avec Reuters.

SEMLEX a gagné ce marché alors que son concurrent Belge, Zetes, a fait une offre de 28,50 dollars la pièce telle que exigée dans le plan du gouvernement Congolais de la mise en place des passeports biométriques, selon Reuters.

L’on retiendra aussi que le Premier ministre de l’époque, Augustin Matata Ponyo, a appris la signature de ce contrat par voie de presse, à en croire l’agence Reuters qui a évoqué une correspondance de l’ancien chef du gouvernement exigeant du ministre des Affaires étrangères des détails sur ce contrat.

Alors que le contrat RDC-SEMLEX arrive à échéance en juin 2020 et que formellement c’est en décembre 2020 que l’Etat Congolais pourra devenir le seul propriétaire de ce projet, l’on apprend que des négociations seraient engagées pour étudier les possibilités de confier le marché des passeports à la Banque centrale du Congo.

Amédée Mwarabu

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