Visiblement, AJN Ressources Inc. tient toujours à l'acquisition des parts de la SOKIMO dans Kibali Gold Mines. Cette société canadienne vient d'annoncer, dans un communiqué, des résultats de recherche établissant des estimations des ressources minérales dans les permis minier de la SOKIMO qu'elle veut acquérir. Ce qui provoque la colère des organisations de la société en RDC.
Au total 17 organisations de la société civile et plateformes viennent de saisir le gouvernement pour lui demander "d'ordonner l'annulation immédiate" du protocole d'entente conclu le 18 janvier 2019 entre la SOKIMO et AJN Ressources Inc pour la vente de 13 permis miniers appartenant à cette entreprise publique congolaise.
En effet, c'est en réaction au communique de presse d’AJN Resources Inc., daté du 15 Avril, que ces organisations expriment leur "désaccord avec ce qui tend à devenir une arnaque malgré leurs précédents avertissements au gouvernement congolais, à SOKIMO et à AJN".
Dans ce communiqué, ces organisations recommandent au ministre du Portefeuille "-D’ordonner l’annulation immédiate de ce mémorandum d’entente entre AJN Resources et SOKIMO ;- De sanctionner les responsables de SOKIMO qui sont impliqués dans cette transaction"
"AJN Resources Inc. (CSE: AJN) (FSE: 5AT) ("AJN") a le plaisir d'annoncer des estimations historiques des ressources minérales à Zani-Kodo et Giro Goldfields et une mise à jour sur le projet aurifère du Nord congolais (GNPC) où AJN a le droit d'acquérir indirectement 30-35% des intérêts transportés gratuitement sur 13 licences couvrant 3801 km 2 en vertu du protocole d'entente (MoU) signé le 18 janvier 2020 avec la Société Minière de Kilo-Moto SA (SOKIMO)", dixit le communiqué publié par AJN dans les médias canadien le 14 avril et qui a surpris ces 17 organisations de la société civile et plateformes.
" Se référant à notre communiqué du 22 Février 2020, les organisations signataires du présent sont stupéfaites de lire à travers le site internet d’AJN Resources Inc, que cette dernière continue à mobiliser les investisseurs pour qu’ils financent son projet d’exploitation d’or en République Démocratique du Congo. Les organisations signataires demandent aux investisseurs probables et intéressés qui veulent s’aventurer dans le projet AJN Resources en République Démocratique du Congo de diligenter des enquêtes pour savoir comment AJN Resources a signé un mémorandum d'entente avec SOKIMO pour qu’il acquiert 30% des parts dans le projet Zani Kodo, comment est-ce que SOKIMO a accepté de céder ses parts de 35% dans le projet GIRO Goldfield et comment la SOKIMO braderait aussi un gisement certifié de 45T d’or de Kibali Sud?", notent ces organisations dans leur communiqué.
Dès lors, tout en prenant la réaction du Ministre du Portefeuille du 23 Février 2020, ces organisations estiment que ce dernier doit demander à SOKIMO de "résilier" le mémorandum d’entente qu’il a signé avec les responsables d’AJN Resources.
Pour cela, elles avancent des raisons suivantes : "1. AJN Resources n’a pas des moyens financiers pour réaliser un projet d’une grande envergure comme le projet Kodo. D’ailleurs les responsables d’AJN Resources cherchent des fonds au niveau international, en violation des dispositions du Code Minier en ses articles 40, 41, 42 et 185 ; 2. AJN Résources n’est pas une entreprise qui a une expérience dans l’exploitation minière. Sur le site internet de cette dernière, nulle part n’est mentionné que la société a déjà réalisé une exploitation minière proprement dite ; 3. AJN Resources qui est cotée à la bourse canadienne aurait sérieusement violé les règles en matières d’informations tout en déclarant des résultats sans aucun sous bassement technique ; 4. AJN Resources aurait aussi fait recours à une Société écran pour justifier un montage financier grotesque, ce qui s’apparente à un blanchiment des capitaux ; 5. Aucune due diligence n’a été faite sur ce projet ;6. Des soupçons de corruption pèseraient sur ce mémorandum car AJN Resources a signé un mémorandum d’entente avec SOKIMO pour acquérir toutes les parts de SOKIMO dans tous les projets existants et encours. Connaissant les modes opératoires de certains opérateurs et mandataires, les signataires du présent communiqué détiennent des indices, des sources fiables, que les responsables d’AJN auraient promis des avantages indus et illégaux aux responsables de SOKIMO dès que la mobilisation des fonds sera effective ; 7. Le Ministre du Portefeuille qui devrait demander la suspension de ce mémorandum n’a pas encore donné l’ordre aux responsables de SOKIMO pour stopper cette transaction mafieuse à ce jour".
Le directeur de cabinet du ministère du Portefeuille, Kabasele Bakenza, dans son communiqué de presse daté du 2 mars 2020, avait soutenu qu'au stade actuel, "il n'y a aucun engagement définitif, si ce n'est qu'une déclaration d'intentions entre les deux parties qui exigerait, pour sa concrétisation toute une procédure suivante : l'approbation de la transaction par le Conseil d'administration d'abord ensuite l'entérinement par l'assemblée générale et enfin le quitus du gouvernement représenté par le ministère du Portefeuille".
De leur côté, Barrick Gold Corporation et Anglo Gold Ashanti, les coactionnaires avec SOKIMO dans Kibali Gold Mines, se sont opposés à ce protocole d'entente AJN et SOKIMO, deniant à cette dernière le droit de vendre ses parts sans leur autorisation.
Parmi les organisations et plateformes signataires de ce communiqué, il a la LICOCO, CERN)CENCO, SARW, PRESS-VLUB RDC, SOCIÉTÉ CIVILE FORCE VIVE DE WATSA, OCEAN, CASMIA, LINAPEDHO, ESPOIR ONG, JUSTICIA, RND ASBL, PODEFIP, HDH, TOUCHE PAS A MON COBALT, Secrétariat national du réseau des communicateurs des ressources naturelles, Coordination cadre de concertation de la société civile du Lualaba.
Amédée Mwarabu