RDC : Déogratias Mutombo exhorte le gouvernement à concevoir un Plan de développement stratégique pour une croissance durable

Mutombo
PAR Deskeco - 14 mar 2020 12:26, Dans Finances

Le gouverneur de la Banque Centrale du Congo soutient que la RDC a besoin de concevoir un « Plan stratégique de développement » qui soit en cohérence avec le Programme triennal que le gouvernement pourra signer avec le FMI à l’issue du programme test en cours de mise en œuvre. Ce Plan stratégique aura comme objectif final la croissance économique durable et le bien-être des Congolais.

La principale recommandation de la deuxième réunion du Comité de politique monétaire (CPM), tenue le vendredi 13 mars, sous la direction du gouverneur de la Banque centrale, Déogratias Mutombo, a été adressée au gouvernement l’exhortant «à renforcer les mesures visant à booster les recettes publiques et à limiter les dépenses aux ressources disponibles ».

Au-delà de cette recommandation, le gouverneur de la BCC a conseillé le gouvernement  de concevoir un Plan stratégique de développement devant booster de manière durable la croissance économique.

« Notre pays a aujourd’hui besoin d’un plan d’actions pluriannuel, qu’il soit quinquennal ou triennal, pour son développement stratégique. Nous pouvons concevoir un plan d’action triennal qui devra être élaboré en cohérence avec le programme triennal que nous signerons avec le FMI. Nous avons la chance de faire un Plan d’action national qui est cohérent avec le programme triennal du FMI pour bien imprimer la croissance dans notre pays », a déclaré Déogratias Mutombo, commentant la conjoncture économique nationale et internationale dominée par les effets induits du coronavirus et qui impactent déjà la RDC.

Il estime qu’un tel plan permettrait au gouvernement d’implémenter une gestion axée sur les résultats avec toutes les implications.

« Ce plan d’action doit évidemment clairement indiquer toutes les actions à mener, le chronogramme des réalisations pour chaque année, le financement requis pour chaque action, les organes appelés à réaliser telle ou telle action et les objectifs à atteindre. C’est comme ça qu’on travail s’il faut obtenir une croissance durable dans l’Etat. Vous avez des objectifs fixés. Un dernier objectif final c’est le bien être de la population et la croissance. Mais les objectifs intermédiaires ce sont les actions à mener. Cela induit la performance économique. C’est ce qu’on appelle la gestion axée sur les résultats. Avec un Plan comme ça, ne seront financées que les actions contenues dans le Plan parce ce sont des actions arrêtées pour un résultat, et non pas des actions non programmées. C’est comme ça on améliore la qualité de la dépense », soutient le patron de la BCC.

Cependant, pour le moment, le gouverneur de la Banque centrale pense que tout doit être fait pour endiguer le coronavirus qui reste le facteur de risque numéro un pour l’économie mondiale.

« En RDC, depuis le début de l’année, le cadre macroéconomique reste globalement stable, mais une stabilité sur fond des pressions exercées sur nos finances publiques. Lesquelles pressions risquent d’être amplifiées par l’incertitude liée à la propagation du coronavirus.  Le coronavirus est aujourd’hui considéré, si pas l’ennemi numéro un, le facteur de risque numéro un pour toutes les nations. C’est donc, une situation qu’il faudra à tout prix bien gérer pour contenir cette grippe, je pense, saisonnière. De toute façon, le coronavirus n’a pas encore affecté de manière significative notre économie», pense-t-il.

Mais, le patron de la BCC s’inquiète davantage de la dépendance de l’économie congolaise au secteur extractif. Quand les cours de nos matières premières d’exportation sont en hausse, les recettes publiques en tirent les bénéfices. Mais quand ces cours sont en baisse, comme c’est le cas pour le moment, les recettes s’amenuisent et le gouvernement ne sait pas financer ses dépenses.

« Sur le plan de l’économie réelle, le taux de croissance a été réduit à la baisse à 4,1% du PIB contre une première estimation que nous avons fait au début de l’année de 4,6%. Il vous souviendra qu’en 2018 nous avons fait un taux de croissance de 5,8%. Mais aujourd’hui, avec un taux de croissance prévu de 4,1% venant de 4,4% en 2019, nous sommes dans une situation où c’est le secteur tertiaire qui contribue à plus de 50% du PIB. C’est une tertiarisation qui est anormale et qui inquiète parce qu’en 2018 le secteur extractif, considéré comme le secteur le plus grand contributeur au PIB, a contribué pour 75% du PIB. Mais, voir d’une année à l’autre un changement brusque de situation pour passer de 75% à 5%, c’est une situation difficile à imaginer. Bien évidemment facile à expliquer. C’est ça le malheur de la dépendance aux cours des produits de base qui exposent le pays et le rend vulnérable aux chocs externes… La baisse de la demande internationale que nous connaissons depuis un certain temps, risque d’être accéléré par la propagation planétaire du coronavirus. Cette baisse a déjà induit une chute des cours du cuivre du cobalt, surtout du pétrole. La poursuite du coronavirus ne fait pas que baisser la demande mais aussi l’offre. Donc, les deux sont en train de baisser. Donc, comme nous sommes dépendants du cuivre et du cobalt, ça risque d’affecter davantage nos finances publiques si les réformes visant l’amélioration de mobilisation des recettes et l’amélioration de la qualité de la dépense tardent à être mises en œuvre. Il est impératif de mettre en œuvre ces réformes »,  a dit Déogratias Mutombo.

De son avis, le gouvernement n’a pas d’autres choix que de mettre en œuvre des réformes structurelles ou encore de diversifier l’économie.

Pour sortir de cette situation, a-t-il dit, il faut la résilience de l’économie, des transformations structurelles, la diversification de l’économie. « Nous devons concevoir des stratégies de développement appropriées pour imprimer une croissance durable, digne de ce nom. C’est ce que nous devrons faire », a suggéré le patron de l’Institut d’émission.

Amédée Mwarabu

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