La politique monétaire de la Banque centrale jugée « proactive et prudente » en 2019 (Tribune du DG de la BCC Jean-Louis KAYEMBE)

Dg BCC
PAR Deskeco - 03 mar 2020 09:03, Dans Finances

En 2019, la conduite de la politique monétaire et de change par la Banque Centrale du Congo a été proactive et prudente, en raison du contexte international et national difficile. L’environnement international a été principalement marqué par les incertitudes entourant les politiques commerciales, notamment entre les Etats-Unis et la Chine, ainsi que par l’intensification des tensions géopolitiques. Il en a résulté une décélération de la croissance mondiale, laquelle s’est établie à 2,9 % en 2019 venant de 3,6 % en 2018.

Quant au contexte national, il a été marqué par l’installation d’une nouvelle équipe dirigeante, dont les priorités économiques et sociales ont été cristallisées dans un plan d’urgence dénommé « programme de 100 jours du Chef de l’Etat ». Par ailleurs, le nouveau Gouvernement mis en place est parvenu à la conclusion d’un programme de référence suivi par les services du FMI. Au niveau de l’activité économique, un ralentissement de la croissance a été enregistré.

En effet, les estimations de la croissance sur la base des réalisations à fin décembre 2019, indiquent un taux de 4,4 % contre 5,8 % réalisé en 2018. Cette croissance serait principalement impulsée par le secteur tertiaire, suivi des secteurs secondaire et primaire. Pour ce qui est du secteur public, l’exécution des opérations financières de l’Etat s’est soldée par un déficit de 885,5 milliards de CDF, résultant des revenus de 8.204,6 milliards de CDF et des dépenses intégrant l’amortissement de la dette et remboursement titres de 9.090,1 milliards. Le déficit de l’Etat a représenté 1,0 % du PIB contre 0,4 % l’année précédente.

En outre, les transactions entre la RDC et le reste du monde ont renseigné un accroissement de besoin de financement à 1.546,3 millions de USD en 2019 contre 1.235,2 millions, une année plus tôt. Rapproché au PIB, ce besoin de financement a représenté 3,0 % contre 2,6 %, résultant essentiellement de la réduction de l’excédent du compte capital. Dans ces conditions, la manipulation des instruments de la politique monétaire a visé la préservation de la stabilité du cadre macroéconomique. Le taux directeur a été revu à la baisse, en avril de l’année sous revue, passant  de 14,0 % à 9,0 % dans un contexte de la poursuite de la désinflation.

L’utilisation du « Bon BCC » a été optimale et en adéquation avec le comportement de la liquidité bancaire. Ainsi, a-t-il permis une ponction de la liquidité bancaire à hauteur de 12,5 milliards de CDF, établissant son encours à 55,0 milliards à fin décembre 2019. Quant aux coefficients de la réserve obligatoire, ils sont restés inchangés. Les taux appliqués sur les dépôts à vue et à terme en monnaies étrangères et ceux en monnaie nationale ont été respectivement de 13,0 % et 12,0 %, ainsi que de 2,0 % et 0,0 %. Le comportement de la réserve obligatoire a permis une ponction de la liquidité à hauteur de 224,97 milliards de CDF contre une ponction programmée de 111,04 milliards.

En conséquence, l’objectif final de la politique monétaire est demeuré sous contrôle. En effet, à fin décembre 2019, le taux d’inflation s’est établi à 4,59 % face à un objectif à moyen terme de 7,0 %, dégageant une marge de 2,41 points de pourcentage. Toutefois, les objectifs opératoires et intermédiaire ont été en dépassement par rapport à leurs niveaux programmés. Quant à la politique de change, elle a contribué à ralentir le rythme de dépréciation de la monnaie nationale. A l’indicatif, la monnaie nationale s’est dépréciée de 2,2 % contre 2,7 % en 2018 et sur le marché parallèle, elle s’est dépréciée de 2,9 % contre 3,6 % l’année d’avant. Tout en veillant au lissage des fluctuations du taux de change, la BCC a axé ses actions sur le relèvement du niveau des réserves internationales.

En perspective, la politique monétaire et de change, dans un contexte de l’amélioration des conditions intérieures, visera le maintien du rythme de formation des prix et de la volatilité du taux de change à des niveaux faibles ainsi que l’accumulation des réserves internationales à des niveaux confortables.

Jean-Louis KAYEMBE wa KAYEMBE, Directeur Général en charge de la Politique Monétaire et des Opérations Bancaire à la Banque centrale du Congo

Tribune tirée du rapport sur la politique monétaire de la Banque centrale en 2019

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