RDC: Plus de 4 Milliards USD générés par la production pétrolière à Muanda contrastent avec la vie de la population

PAR Deskeco - 11 sep 2018 10:15, Dans Actualités

Perenco Rep SARL a versé plus de 4 milliards USD aux titres d’impôts et taxes  au gouvernement congolais entre 2003 et 2017. Le directeur général de cette entreprise, Adrien Broche l’a affirmé le 12 avril 2018 en marge d’un café des hydrocarbures à Kinshasa. Pour lui, l’objectif pour 2018 est de payer à l’Etat congolais 60 millions USD supplémentaires. Dans une enquête menée au mois de juin 2018, DESKECO.COM a constaté que ces chiffres restent un objet des controverses car ils ne sont pas du tout “reconnus” par les  autorités et la population au niveau local.

Perenco Rep SARL a connu une augmentation dans sa production après la signature de l’extension de convention offshore pour 20 ans soit de 2023  à 2043. Malgré ces chiffres avancés par l’entreprise, les autorités de Kinshasa et les communautés locales disent ne pas être informées de la contribution de cette firme française tant au niveau national que provincial. Muanda (Kongo Central) où se fait l’ensemble de la production pétrolière du pays, présente un visage vieillissant comme le décrit un ancien député provincial. 

Le directeur général de Perenco Rep SARL avait, au cours de ce café des hydrocarbures, présenté aux députés nationaux et sénateurs, aux membres du gouvernement, aux personnalités politiques et à la société civile, son plan d’activités à court terme pour l’augmentation de la production pétrolière de 20 à 25 000 barils par jour d’ici la fin de l’année,  et 30 000 barils à l’horizon 2020 grâce notamment à l’investissement de plus de 100 millions USD pour l’acquisition depuis 2017 de la plateforme de forage « Nuada ».

La contribution de Perenco méconnue 

La contribution de Perenco Rep dans les caisses de l’Etat semble être méconnue par les autorités locales. A l’occasion de ses 100 jours en fonction, l’administrateur du territoire de Muanda, a affirmé le 2 juin dernier, ne pas être informé jusque-là du niveau de contribution de Perenco dans le trésor public.

«Je ne sais pas d’où vous tirez ces chiffres. Jusque-là je n’ai pas encore eu l’occasion de parler avec les responsables de Perenco. Ils me disent toujours que pour avoir une idée sur leur entreprise il me faut 4 jours. Quand je suis disponible, leurs responsables ne sont pas sur place. Et quand je suis en déplacement on m’appelle pour me dire que c’est le moment de visiter Perenco. En tant qu’administrateur du territoire je n’ai aucune idée sur le montant que verse cette entreprise au niveau central et même au niveau provincial. Ici sur place nous ne recevons rien directement de Perenco comme taxe ou impôt», a déclaré à DESKECO.COM, l’AT de Muanda. 

Le contraste de Muanda et ses ressources  

Image retirée.Située au bord de l’océan atlantique, la ville de Muanda se longe sur 37 Kilomètres le long de littoral océanique avec une population jeune dont la moyenne est estimée à 200 000 habitants.

Pour l’ancien député provincial Makakidi, élu de Muanda, la ville est en train de vieillir au jour le jour suite à ses anciennes infrastructures (routes, bâtiments…) qui ne sont pas entretenues. Il suggère une collaboration entre Perenco Rep et les communautés locales pour la gestion de l’argent destiné au contrat social.

«Quand vous regardez la ville de Muanda, vous allez constater au fur et à mesure que les jours passent comme si la ville est en train de se dégrader. Muanda est une ville qui vieillit mais ne grandit pas. Regardez l’état de la route Boma-Muanda. Cette route n’a jamais été asphaltée depuis l’époque coloniale. Et malgré la production du pétrole qui a commencé depuis 1969, rien n’a été fait dans ce sens. Sur place il est difficile de circuler pendant la saison de pluie à cause de la boue. La ville n’est pas entretenue. L’accès à l’eau et à l’électricité est un casse-tête pour la population. Bref, on ne voit pas directement les retombés de la production du pétrole dans cette ville.  Si déjà pendant qu’on produit du pétrole, Muanda présente un tel visage, qu’adviendrait-il après la production pétrolière ? » ,s’est-indigné.

Il estime également que Perenco ne devrait pas gérer l’argent qu’elle débloque pour la part sociale. 

«Comment voulez-vous que Perenco puisse gérer seule les 250 000 USD  destinés à la clause sociale ? Avec le nouvel avenant on nous parle de 400 000 USD chaque année.  On construit des centres de santé là où il n’y a pas d’habitants, une école dans un village où il n’y a que trois maisons. Perenco Rep ne tient pas compte des besoins réels de la population.  Elle devrait laisser les communautés locales gérer cet argent selon leurs propres besoins »

A Muanda, Perenco vient en appui à la Société national d’électricité (SNEL) et la REGIDESO. 

En dépit de toutes ces critiques, Perenco est une plaque tournante de la vie à Muanda comme le reconnaît certains habitants, pour qui,  Perenco permet de s'approvisionner en eau grâce notamment aux bornes fontaines implantées dans quelques coins de la ville.

L’entreprise fournit également l’électricité à la SNEL au moyen du gaz produit. L’ingénieur Ngimbi, responsable local de la SNEL, la société Perenco met à leur disposition 1,2 Mégawatts pour desservir la ville de Muanda. Selon lui, il faut plus au moins  4 Mégas pour alimenter une grande partie de la ville. Pourtant la SNEL dispose de ses propres installations de 1,5 Mégas mais qui ne fonctionnent plus mais la Société Nationale d’Electricité a acquis une machine de 2 Mégas qui n’est pas encore installé.

Willy Akonda Lomanga / Desk eco

 

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